Il existe un grand nombre d'approches possibles concernant les phobies, les réactions et modes de fonctionnement excessifs ou inadaptés, et les problématiques d'ordre émotionnel en général. Je trouve personnellement souvent intéressant de les aborder sous l'angle des apprentissages...
Prenons l'exemple d'une phobie. Celle-ci se manifeste par une réaction inappropriée ou trop intense à un stimulus, un déclencheur, réaction qui s'est souvent mise en place suite à un événement par lequel tout à commencé (ce n'est pas toujours le cas, mais en l'absence d'événement initial on peut tout de même travailler sur la phobie, avec les mêmes techniques). Autrement dit, cet événement vous a appris à avoir peur de X [chien, araignée, conduite sur l'autoroute...], qui auparavant ne créait pas chez vous de réaction particulièrement négative.
Par exemple, vous pouviez aimer les chiens jusqu'à l'âge de 8 ans, les caresser et jouer avec eux avec plaisir. Ou vous pouviez cohabiter avec les araignées ou les souris dans la plus parfaite indifférence. Mais un événement soudain créant une grande peur (ou une autre émotion telle que le dégoût) fait tout basculer : à 9 ans un chien vous fonce dessus par surprise et menace de vous mordre, ou vous vous réveillez en pleine nuit avec une très grosse araignée tout près de votre visage... L'intensité de l'émotion ressentie alors joue un grand rôle dans la mémorisation (du danger estimé et de votre réaction). S'il y a eu par exemple un vécu intense de panique, un sentiment d'impuissance, d'imprévisibilité ou de danger pour la vie, le cerveau a pu alors - du jour au lendemain - enregistrer que le stimulus X (chien, araignée...), bien toléré jusque là, représente en fait une forme de "danger mortel", auquel il doit réagir en conséquence. Les réactions possibles sont alors la fuite, le combat ou la sidération, et le cerveau va activer systématiquement l'une d'entre elle en présence du déclencheur, court-circuitant au passage vos capacités de raisonnement - celles qui pourraient justement vous permettre de relativiser la situation...
Associés à la phobie mais aussi aux peurs en général, se trouvent souvent, à des degrés plus ou moins élevés, des comportements d'évitement : Afin de vous éviter une confrontation à ce qui est vécu comme un "danger mortel", ou comme un risque d'un autre ordre (risque de vivre de la honte ou du rejet, ou de rougir, par exemple), vous vous retrouvez à éviter des lieux ou des situations où cela pourrait arriver. Le cercle vicieux de la "peur d'avoir peur" est en marche : plus ces confrontations sont évitées, plus il peut devenir difficile d'y faire face lorsqu'elles sont inévitables, et plus on appréhende donc que cela arrive. En outre, l'évitement interdit de se familiariser avec la situation ou le déclencheur, ou de se ré-habituer à sa présence, alors même que l'habituation progressive (permettant de réapprendre que la plupart des chiens - par exemple - ne représentent pas un danger), ou le passage à l'action par étapes (oser parler brièvement en public pour se rendre compte que tout se passe bien) représenterait le correctif le plus naturel, qui vous permettrait d'adapter ou de réadapter vos réactions - c'est à dire d'apprendre à réagir autrement -, et de sortir des anticipations négatives.
Concernant les autres autres problématiques émotionnelles et même le sommeil, il est également souvent intéressant de considérer les choses en termes d'apprentissage (apprentissage effectif ou apprentissage non-fait : comme un rendez-vous manqué) :
Comment avez-vous appris à répondre à telle situation par la réaction ou le ressenti X (colère, abandon, vexation...) ? Comment avez-vous appris à être dans une forme excessive de vigilance ou de contrôle (qui était sans doute une solution adaptée à l'époque où elle s'est mise en place, mais ne l'est peut-être plus aujourd'hui, ou a pris trop d'ampleur...) ? Peut-être n'avez-vous pas appris à moduler ou exprimer vos émotions (par exemple si vous avez grandi dans une famille où ça ne se faisait pas, ou au contraire où cela se faisait toujours dans l'excès ou la brutalité)... Avez-vous besoin de réapprendre à vous endormir, ou d'apprendre à mettre vos pensées en veilleuse le soir afin de vous endormir ?...
Bien sûr, à l'origine de l'apprentissage il n'y a pas nécessairement UN événement. Ce peut être aussi une répétition de micro-événements, des jugements trop souvent entendus ("tu n'arriveras à rien"...), ou une forme d'immersion dans une ambiance familiale ou sociale qui a eu un impact sur votre évolution - dans un sens ou dans l'autre, car cela peut se traduire par une forme d'adhésion autant que d'opposition (les grands classiques du genre étant "dans ma famille on est tous comme ça" et son opposé "je ne veux pas faire comme ma mère/mon père"...) entre lesquels toutes les nuances possibles existent.
L'hypnose et les dérivés de l'EMDR facilitent grandement la "mise à jour" des apprentissages de cet ordre, la mise en place de nouveaux apprentissages plus adaptés, la modulation des émotions et la réadaptation des réactions, et bien sûr le travail sur les phobies. L'EFT est également un outil très intéressant dans ce cadre, seul ou en complément.